L’agroforesterie : qu’est-ce que c’est ?

L'agroforesterie, un modèle de développement durable

Les enjeux de l’agriculture du XXIe siècle à Madagascar (et dans le monde)

Depuis un demi siècle de nombreux scientifiques et écologistes tirent la sonnette d’alarme quant aux dangers courus par l’environnement plus ou moins irréversibles et impactant pour l’humanité. Aujourd’hui en ce vingt-et-unième siècle bien entamé les signaux sont de plus en plus visibles et les conséquences de plus en plus prégnantes. La dégradation des écosystèmes et de ce que cela entraîne (paupérisation, exode rural, réchauffement climatique, dégradation des sols) sont souvent la conséquence de mauvaises pratiques agricoles : monocultures productivistes, utilisation d’intrants chimiques, déforestation et culture sur brûlis.
Face à ce noir tableau des agronomes, agriculteurs et scientifiques (encore trop peu nombreux) se tournent vers l’agroforesterie comme méthode de protection des ressources naturelles, des écosystèmes, de la sécurité alimentaire et d’une agriculture durable.
A Madagascar avec une population rurale majoritaire, des dégâts environnementaux conséquents et une natalité importante, la capacité de relever ces défis sera le seul garant d’un développement durable.
Pour y parvenir il faudra se tourner vers des techniques agricoles innovantes, pérennes, économiquement applicable et durable.
L’agroforesterie et l’agriculture intégrée sont des moyens de relever ces défis environnementaux et humains. Ces techniques peu onéreuses à mettre en place sont aussi assez complexes et demandent de reconsidérer dans la globalité et depuis les bases les systèmes agricoles traditionnels qui ne peuvent plus aujourd’hui être productifs et durables.
L’agroforesterie tropicale: un système d’interactions symbiotiques plutôt que compétitives entre l’homme et son environnement, bénéficiaire pour l’un comme pour l’autre.
L’agroforesterie est la pratique d’association d’arbres et de cultures ou d’élevage sur une même parcelle. Elle a un impact positif sur l’environnement, favorise la tenue et la reconstruction des sols, respecte le cycle de l’eau, crée de la biomasse, s’auto-fertilise (donc pas d’utilisation d’intrants, de pesticides) recrée ou entretien un écosystème équilibré, régule les températures et l’humidité de l’air. En s’appuyant sur des interactions mutualistes, à bénéfices réciproque, l’agroforestier pratique une agriculture régénératrice ( concept influencé par Masanubo Fukuoka dans les années 1970 et par la permaculture)

Quels sont les avantages de l’agroforesterie ?

    • amélioration de la production des parcelles: sur une même surface la production de biomasse est supérieure sur une parcelle agroforestière. On estime qu’une parcelle cultivée en agroforesterie est 1,4 fois plus productive qu’une parcelle en conventionnel.
    • diversification des productions: meilleur équilibre alimentaire, sécurité économique
    • restauration ou amélioration de la qualité des sols (le système racinaire puise les ressources en eau, en éléments minéraux en profondeur, aère le sol)
    • lutte contre l’érosion
    • respect et amélioration du cycle de l’eau
    • augmentation de la biomasse
    • capture carbone
    • amélioration de la biodiversité
    • production de bois
    • exploitation maximum de l’énergie solaire
    • produits autres (pharmacopée traditionnelle, matériaux transformables)
    • bien être et éco tourisme

L’agroforesterie à Madagascar: ses pratiques et ses limites

La pratique agroforestière la plus utilisée à Madagascar est la jachère améliorée. L’agriculteur déboise dans un premier temps une parcelle de forêt, avec un sol fertile, humifère. Il récupérera les grandes essences pour faire planches et chevrons, les chutes de bois et branches pour faire du charbon de bois et enfin mettra le feu à la parcelle . C’est la culture sur brûlis dit tavy à Madagascar.
Brûler aura le double avantage de défricher à moindre coût de main d’œuvre et de se débarrasser des plantes adventices (mauvaises herbes). Il pourra alors cultiver un an ou deux. Le sol va être rapidement épuisé (le sol des zones tropical humide est peu profond, fragile, les pluies l’érodent très rapidement). Le paysan devra aller sur la parcelle voisine et ainsi de suite.
Ce système est une forme d’agroforesterie, dites séquentielle, et est efficace à condition de respecter un délai d’une décennie de rotation de culture.

Avec la pression démographique les terres ne sont plus suffisantes. Les terres ne se régénèrent plus, elles sont brûlées et encore brûlées, érodées et le sol disparaît à chaque pluie de plus en plus diluvienne vers à la mer. Les boues envahissent le littoral et les coraux. Cette technique ancestrale efficace il y a 100 ans est une catastrophe aujourd’hui. A Nosy Komba où la technique sur brûlis est interdite depuis des décennies les agriculteurs se sont tournés vers une agriculture de rente sous couvert arboré et sur le jardin forêt. Nous produisons ici des produits de qualité sans intrants chimiques (vanille, cacao, café, cola pour citer les plus fréquents).

Akiba